24 heures après le braquage de Dantokpa:Le témoignage du sol

par **rolande** Ven 4 Avr - 13:07

JE SAIS QUE C'EST LONG !!! mais bon.... desolé!

3 avril 2008 - S’il est un héros du braquage perpétré le 1er avril 2008 contre les agences des banques Ecobank et Diamondbank au marché Dantokpa, c’est bien le soldat de 2ème classe Yacoubou Salifou. Il est le seul des trois militaires en faction à affronter jusqu’à la dernière balle les assaillants. 24 heures après l’opération qui a coûté la vie à ses deux camarades, nous avons réussi à recueillir son témoignage.

Le Matinal : Comment aviez-vous vécu la journée du 1er avril 2008 ?

Yacoubou Salifou : Ce jour-là, nous étions trois au service et c’est moi qui ai monté la faction à la banque Ecobank. D’abord il faut dire que nous nous sommes réveillés de bonne heure, je crois aux environs de six heures et comme d’habitude on s’est débarbouillé. Quelque temps après, l’un d’entre mes deux autres collègues a décidé d’observer un repos là-haut. Il restait l’autre et moi-même. On en était-là quand mon second a rejoint le premier dans la loge de repos. Finalement étant donné que c’est moi qui ai monté la faction, je suis resté seul à monter la garde jusqu’à leur retour un peu au-delà de 14 heures. C’est de là que le premier qui a eu l’idée d’aller se reposer a voulu se rapprocher des responsables de la banque pour en savoir plus sur les primes qu’on doit nous payer. Il a dit que tout à l’heure il va aller percevoir les sous. Je lui ai demandé alors de me remplacer en attendant que j’aille me changer puisqu’il faisant chaud et j’avais porté de surcroît un pull-overs. Je suis monté et à peine j’ai enlevé mes talismans pour me mettre à me laver les mains que des coups de feu ont éclaté. Ce qui m’a surpris.

Quelle réaction as-tu eu ?

Je ne savais pas d’où venaient les coups de feu. Je me suis posé la question de savoir si c’était mes collègues qui tiraient. Lorsque j’ai essayé de regarder depuis là-haut je me suis rendu compte que l’affaire était grave et sérieuse. Je n’apercevais plus mes collègues. Ils ont été tués. J’ai aperçu le premier qui gisait dans le sang et pendant que le second qui n’était pas armé revenait de l’intérieur de la banque où on perçoit les primes, il était arrivé au bas des escaliers quand les braqueurs l’ont abattus. Jusque-là les bandits ne savaient rien sur la présence d’un troisième militaire. Dans la foulée j’ai fait placard du sol. Et croyant qu’après avoir tué les deux autres collègues que le chemin est balisé ils ont voulu monter et c’est en ce moment que j’ai ouvert le feu. Très surpris de cette riposte, ils ont du freiner leur élan et sans s’assurer de ma réelle position ils ont aussi tiré vers ma direction. Et, comme ils ne m’ont pas vu, certains d’entre eux ont fait demi tour pour regarder à travers les vitres les agents qui étaient assis à l’intérieur. Je leur ai demandé de se coucher. Ils ont cherché à tout à tout prix à pénétrer dans l’agence Ecobank. Or, avec la première opposition que j’ai faite, ils ne peuvent plus monter. Ils ont voulu passer par la seconde entrée, mais elle était déjà fermée. Ils se sont alors dirigés vers Diamond Bank. Mais à peine ils ont pris cette direction qu’un policier en patrouille dans le marché, ayant entendu des coups de feu a donné trois coups de pistolet automatique, je ne sais dans quelle direction. Cette deuxième opposition les a détournés du chemin de la seconde banque. Ils ont aussitôt fait un repli tactique cherchant à rejoindre leurs barques motorisées. Dans leur fuite ils ont rudoyé les bonnes dames cambistes les dépouillant de leurs sous et de leurs biens. Pour s’enfuir ils se sont éclatés en deux groupes. Certains ont réussi à rentrer dans les deux barques par lesquelles ils sont arrivés, d’autres ont pris la fuite en tirant sur moi pendant que je les pourchassais. En ce temps il a une jeep qui était positionnée à la descente de l’ancien pont du coté de Akpakpa. C’est ceux qui n’ont pas pu atteindre les barques qui ont rejoint ce véhicule en traversant le pont et dans leur course ils faisaient des signes à leurs acolytes de vite rejoindre la berge pour abandonner l’embarcation au profit de la jeep qui les attendait. C’est alors que j’ai pris un zémidjan pour les pourchasser. Ils ont commencé à descendre les vitres pour tirer. Mais à peine quelques minutes de trajet, le conducteur de taxi moto a refusé de continuer le chemin. Il m’a fait descendre. J’ai cherché à les poursuivre parce que je sais qu’ils ne peuvent prendre que par Akpakpa pour partir. Dans mon intention c’est de les rattraper à Xwlacodji. Malheureusement j’étais à court de munitions. Je ne pouvais plus rien fait en ce moment. L’autre groupe qui est reparti au moyen des barques n’a pu rejoindre la berge au lieu indiqué. Il a continué sa route longeant le lac Nokoué, c’est-à-dire vers Xwlacodji. Jusque là je n’ai pas reçu de renfort. J’étais seul au front. J’ai dit à un zémidjan de me retourner au lieu du crime. Avant mon arrivée j’ai vu les sapeurs pompiers qui ramassaient les deux collègues. J’ai demandé à savoir s’ils vivent ou pas mais on m’a dit de les laisser tomber. J’ai insisté. Le reste vous le savez.

Qu’est-ce qui t’a manqué ?

Les munitions. Si j’avais encore des munitions j’aurais pu aller loin dans la chasse à l’homme.

Les balles que tu as tirées n’ont atteint personne ?

Non, parce que je tirai depuis la-haut. Or eux autres étaient en dessous et n’ont pas daigné sortir d’abord leur nez. Toutes les balles que j’envoyais au moment où ils ont voulu attaquer la banque ne pouvait pas les atteindre à cause de leur position. Il aurait suffi qu’ils décalent un peu et je les aurais eus. De la position où j’étais ce n’était aussi pas prudent de descendre pour affronter ce commando. Ils avaient sur eux des mitraillettes et moi j’étais armé de l’Akm. Leurs armes étaient plus puissantes que la mienne. Je crois que c’est Dieu qui m’a sauvé.

C’est surprenant que vous n’ayez pas été touché. Comment l’expliquez-vous ?

C’est la volonté de Dieu.

Au moment du crime vous aviez porté un pull-over ou un gilet pare balles ?

J’ai porté un pull-over et c’est ça qui me donnait de la chaleur quand je suis monté pour me changer et c’est en ce moment que les malfrats sont arrivés.

On voit plusieurs impacts de balles sur le pull-over, mais vous n’avez rien eu. Avez-vous un secret ?

Je croix que c’est Dieu qui m’a sauvé.

Les malfrats étaient au nombre de combien ?

Je ne saurais le dire. Mais j’ai vu au moins six personnes courir pour rentrer dans les barques après qu’elles aient échoué à Diamondbank. Ce que je peux encore dire c’est que ces individus parlaient Yoruba et Ibo. Ils sont venus en tenue locale communément appelée « Jarabu », mais quand ils ont voulu monter à bord des barques, ils ont commencé par se déshabiller. C’est en ce moment qu’on a découvert qu’ils avaient en dessous de la tenue locale des demi- camouflets, d’autres sont en costume.

Vous confirmez qu’ils n’ont rien emporté ?

Ils n’ont rien pris à Ecobank. Mais je ne sais pas ce qu’il en est du coté de Diamondbank. Mais cela m’aurait surpris si on dit qu’ils ont pris de l’argent. Vous savez qu’au niveau de Ecobank, avant de prendre quelque chose, ils doivent prendre part là où moi j’étais en haut ou par le bas alors que les portes étaient fermées. Ce jour-là, je crois que les machines de la banque étaient en panne et ce depuis trois jours. On a du faire appel à un technicien que les réparait.

Allez-vous demander à être décoré ?

C’est du ressort de ma hiérarchie.

Etes-vous fier d’être militaire ?

Oui ! C’est pour cette raison que je suis rentré dans l’armée.

Propos recueillis par Fidèle Nanga

Qui est Yacoubou Salifou ?

Yacoubou Salifou, 25 ans environ, soldat de 2ème classe du 1er bataillon d’intervention motorisée est bien portant et ne porte aucun impact de balle. Il est sorti sain et sauf d’un braquage qui a coûté la vie à deux autres de ses collègues. Au moment où il ripostait pour repousser les bandits qui tiraient à bout portant sur lui, il a eu à porter sur sa tenue un pull-overs manches longues qu’il a exhibé avec des impacts de balles. Heureusement ou très bizarrement, il n’a pas été atteint. Ce n’était pourtant pas un gilet anti-balle qu’il avait enfilé. Miracle ou quoi ? Originaire de Malanville, ville située au Nord du Bénin, région frontalière avec le Niger, Yacoubou Salifou lors de l’entretien a eu à sortir un talisman, pour expliquer qu’au moment où il est monté pour s’échanger il l’a enlevé et l’a replacé quand les coups de feu ont éclaté. Depuis le braquage perpétré le 1er Avril 2008 au marché Dantokpa contre les agences Ecobank et Diamondbank, il est un héros dans l’armée béninoise qui ne sera plus traité comme avant. Il fera désormais l’objet de plusieurs attractions. Parce qu’il a quelque chose que d’autres n’ont pas. Même pas ses patrons dont les épaules sont bien garnies de galons. Il a intégré les forces armées béninoises en 2000. En 2003, il a participé à la mission de maintien de paix au Libéria. Il y est resté 9 mois durant. Ce n’est pas rien dans les stratégies militaires.

Fidèle NANGA

par **mcland** Ven 4 Avr - 13:32

merci pour l info cest gentil

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Re: 24 heures après le braquage de Dantokpa:Le témoignage du sol